Voila un titre que je rêvais d’écrire sans y croire vraiment. Un an jour pour jour après mon premier semi-marathon (je vous en parlais ici), j’ai relevé le défi et ai parcouru les 42 kilomètres et 195 mètres mythiques !
Au début de l’année, j’étais en quête d’un nouveau challenge. En tombant sur le récit de course sur Internet de quelqu’un qui avait couru le marathon, je me suis dit que je voulais le vivre aussi. J’ai soumis l’idée sur mon profil Facebook de m’inscrire pour le Marathon de la Corniche (qui se déroule à l’île de La Réunion pendant l’hiver austral). Une de mes proches amies (A. si tu me lis) a voulu relever le défi aussi. C’était une première pour toutes les deux, on s’est donc appuyé sur un programme d’entrainement proposé par Garmin. Programme de 16 semaines, à raison de 3 ou 4 sorties par semaine. Le premier mois, je me demandais si on n’était pas en train de perdre notre temps. Nous devions courir en respectant la zone 2 de notre fréquence cardiaque. Concrètement, notre rythme cardiaque ne devait pas dépasser une certaine fréquence. Mon cœur s’emballait à peine je faisais mine de me mettre à courir. Plusieurs samedis à marcher plus que courir… c’était très déstabilisant. Heureusement, en parallèle, j’avais lu le livre de Rich Roll, L’ultra marathon pour la vie. Dans cet ouvrage, il expliquait bien que, lui aussi au départ, ses séances d’endurance fondamentale étaient des séances de marche hyper frustrantes. Du coup, j’ai continué. Mes semaines étaient entrecoupées de séances course tranquille, fractionné et sorties longues. Qu’il vente ou qu’il vente (ben oui il neige pas à La Réunion 😉 ), chaque session programmée était honorée.
Et puis les 4 mois sont passés. Pour finir hier par l’épreuve elle-même. Épreuve à la fois redoutée et désirée. La veille, je n’en menais pas large. Censée me reposer, j’étais pourtant à un niveau de stress maximal. Le soir, impossible de trouver le sommeil. Au point de me demander, quand mon alarme a retenti à 2H50, (oui oui 2H50, pour pouvoir manger 3 heures avant le départ qui était prévu à 6h) si j’avais dormi.
Bref, au réveil, glycémie au top (je suis diabétique de type 1), j’ai apprécié mon petit-déjeuner préparé la veille (un overnight porridge à base de graines de chia et lait d’amandes). Préparation, remplissage de gourdes, vérifications des barres énergétiques… Parée pour aller à la navette qui devait nous mener à la ligne de départ. Après un trajet en bus un petit peu flippant, faut l’avouer, (j’avais l’impression que le chauffeur voulait battre son record de vitesse de la traversée de la route du littoral) nous sommes arrivés à Saint-Denis. Près d’une heure à attendre le départ. Pas envie de faire d’échauffement, on aura bien le temps sur 42 kilomètres ! A quelques minutes du coup d’envoi, dernier contrôle glycémique. J’avais décidé de me mettre un petit peu en hyperglycémie pour le départ pour être sûre de ne pas être en hypoglycémie, résultat : 2,91 (la norme c’est 1 pour vous donner un repère). Présageant des efforts à venir, je décide quand même de diminuer le débit de l’insuline à 75%.
Et c’est parti : les 14 premiers kilomètres, je me sens super bien. Je cours à 10 voire 11km/h. J’ai envie d’aller plus vite, mais je me dis que je ne vais pas tenir la distance. Au bout d’une heure et demie, je contrôle ma glycémie : 1,47. Je décide alors de manger à tous les ravitos qu’il y aura. A la fin de la route du littoral, on atteint la ville du Port. Là j’ai l’impression d’avoir un petit caillou dans ma chaussure, mais je sais que pour enlever et remettre mes chaussures, je perdrai trop de temps. Je continue et n’y pense plus du tout. Sur cette portion de route, je ne me sens pas trop seule, le semi-marathon a pris le départ à 7h00, de nombreux coureurs me doublent, mais bon je me dis qu’ils n’ont pas la même distance à parcourir, je n’accélère pas. Jusqu’au kilomètre 25, je me sens toujours super bien ! Je n’avais jamais dépassé cette distance avant, je suis euphorique !

« Ce n’est qu’en se dépassant que l’homme est pleinement humain »
Jean-Paul II
Le parcours est ainsi fait que je passe devant la ligne d’arrivée et qu’il reste encore 12 kilomètres à faire avant de revenir à cette fameuse ligne ! C’est l’arrivée des coureurs du semi. D’un coup plus personne ni devant ni derrière.

Ce n’est qu’au kilomètre 30 que j’aperçois des coureurs du marathon. Ouf, je ne ne me suis pas trompée de chemin. Sur le front de mer de Saint-Paul, je n’arrive plus à accélérer, je peine à tenir à 9,5 km/h. Heureusement, un ami qui avait amené mes enfants en voiture (F, si tu me lis encore merci !) arrive à mes côtés. De voir mes petits crier « Allez maman, allez maman ! » , ça me rebooste à fond. Je maintiens du 10km/h, jusqu’à l’endroit qu’on appelle le « Tour des Roches ».

Là, je ne sens plus mes jambes et je me dis à moi-même « allez c’est la fin, il reste à peine 10 kilomètres ! Tu t’es entraînée, tu n’a pas fait une seule grasse matinée pendant 4 mois ! Avance ! » Parfois, je suis passée en dessous de 8km/h, mais je n’ai jamais cessé de courir. J’ai dépassé des coureurs qui marchaient, je me disais, « c’est trop bête ! », « si près du but ! ».

Quand il restait 3 kilomètres, dans ma tête, j’ai eu un déclic qui me disait que là, il fallait tout donner. Le dernier kilomètre était le plus dur, une dernière boucle non prévue dans le parcours initial, la boucle de trop, mais finalement, je ne lâche pas et je finis ce P& »@%n de marathon en 4h15 ! Et glycémie à 1,45 !
Alors ce matin, j’en ai plein les pattes et des ampoules au pied, mais je ne me suis jamais sentie aussi bien ! C’est quand le prochain ?
A reblogué ceci sur AIO MAGAZINE.
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Beaucoup d’emotions en lisant ton article et énormément d’admiration. Tu es une force de courage et de pugnacité!!!
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Merci pour ton commentaire qui me touche beaucoup.
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Superbe récit.
Bravo à toi, car en plus des difficultés physiques puis mentales liées à un marathon, il fallait que tu gardes assez de lucidité pour gérer ta glycémie.
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Merci beaucoup Gui.
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