Le « pouvoir d’achat » a été mangé à toutes les sauces ces dernières semaines, élections présidentielles oblige. Cette expression me dérange de plus en plus. Comment doit-on la comprendre ? Si on achète, on a du pouvoir ? Vaste blague ! Le but de l’Homme serait-il d’amasser des biens sans fin ? Sans penser aux conséquences sur le monde ? L’épanouissement passe-t-il par les possessions ? Nous sommes en 2017 et nous faisons toujours l’amalgame entre l’ « Etre » et l’ « Avoir ». Je ne suis pas philosophe, mais ça me fait bien flipper.
Le pouvoir d’achat doit-il être prioritaire par rapport au bien-être ? Si tel était le cas, tous les « riches » seraient heureux et tous les « pauvres », malheureux. Épargnez-moi les : « l’argent ne fait pas le bonheur, mais il y contribue ». Je ne suis ni pauvre ni riche en réalité, si on raisonne en termes financiers. Mais je sais que l’achat ne procure aucun pouvoir ; je ne me sens pas puissante à m’acheter une énième robe ou une nouvelle voiture. J’ai longtemps cru le contraire, bien sûr. Bercée par la publicité depuis ma plus tendre enfance. Mon émission préférée, c’était même « Culture Pub », c’est vous dire.
Et puis, j’ai réfléchi… Dans l’achat, ce n’est certainement pas l’acheteur qui a le pouvoir en général. Nous nous plaignons de l’influence des lobbyistes sur nos députés par exemple. A grands renforts de partages de liens vers des émissions chocs telles « cash investigations », nous nous indignons derrière nos ordinateurs et nos smartphones…
Et puis, bon ben c’est pas tout de refaire le monde sur Facebook, hein, on mange quoi ce soir ? Et bim, notre cerveau se met en veille, on prend sa carte bleue et on court à l’hyper et on remplit son caddie. STOP ! Arrêt sur images ! Y a quoi dans le caddie ? Je vous le donne en mille : les produits suremballés, remplis de cochonneries que vous avez vus la veille sur France 2. On ne sait pas pourquoi mais la liaison ne se fait pas, ou alors quand elle se fait, une petite voix vient nous réconforter en nous disant : « ben oui mais t’as pas le choix, y a rien d’autre dans le supermarché… »
Ben en fait, j’ai une grande nouvelle à vous annoncer : on a toujours le choix !
Rien ne nous oblige à acheter ces trucs, si ce n’est notre paresse ou notre manque d’organisation ou encore le regard des autres. J’ai décidé, à mon petit niveau et sans attendre un sursaut politique, d’augmenter mon pouvoir de NON achat.
Concrètement on fait comment ?
Je fais le maximum de choses moi-même : lait végétal, yaourts, goûters pour les enfants, mon produit de lessive, mon dentifrice, mon produit de gommage, tous les repas… Grâce à Internet, qui est une mine d’infos sur les DIY, plus d’excuses. Fierté et contentement m’envahissent quand je mets la main à la pâte. Le pouvoir créatif est tellement plus enrichissant que le fameux pouvoir d’achat.
« La sobriété permet de retrouver la vibration de l’enchantement. »
Pierre Rabhi
Les courses en vrac : je vous affirme qu’après chaque séance de ravitaillement dans ma boutique en vrac, je me sens super puissante ! Bien plus que quand je sortais de l’hyper avec mon caddie plein à craquer le samedi après-midi, dont la moitié (les emballages) finissait à la poubelle, dès le retour à la maison.
Et aussi et surtout, je ne me formalise plus du regard des autres. C’est souvent par ignorance que quelqu’un va penser que tu es un peu « jetée » de faire ton dentifrice toi-même. Et pourtant je vous assure que j’ai les dents propres :-D.
Alors, et vous ? Prêts à prendre le pouvoir ?